Nouvelle année et nouveau nom pour la marque OTH Paris qui devient OTA Paris. En effet, afin d’accompagner une expansion à l’international, la marque connue précédemment sous l’acronyme OTH pour « Off The Hook » se transforme en OTA pour « On The Asphalt« .
Si le nom change, le projet reste le même ! La philosophie d’On The Asphalt est un retour aux sources avec les trois valeurs qui composent l’ADN de la marque : la route, les pneus et le voyage.
OTA Paris continue dans sa lancée, sans arrêter et offre toujours des sneakers fidèles à ses convictions. Elles sont fabriquées en Europe à partir de matériaux recyclés comme les pneus qui composent la semelle ou le plastique, le cuir et le caoutchouc qui sont recyclés eux aussi.
>> OTA PARIS sur French Kicks
Le retour de la marque française dans l’actualité avec le changement de nom en ce début d’année nous a donné envie de ressortir de nos tiroirs une interview réalisée avec Arnaud, le créateur de la marque, lors du premier confinement en avril dernier. L’occasion de revenir sur la marque, la situation actuelle mais également de parler de l’industrie de la basket !
• Salut Arnaud, comment vas-tu ?
Plutôt très bien, malgré le contexte actuel autour de la crise sanitaire. Le printemps arrive, le confinement permet de prendre du recul et de se retrouver entre soi, c’est plutôt pas mal finalement.
Tu pourrais rapidement te présenter ?
Bientôt 39 ans, quelques années en grande distribution en tant qu’acheteur textile, m’ayant permis de voir un peu l’envers du décor du textile fast-fashion et jetable.
• En ce moment, tu es où et tu fais quoi ? (Interview réalisée en avril 2020 en plein confinement.)
Alors je squatte la maison d’un ami d’enfance dans les Yvelines, afin d’avoir accès à un espace extérieur pour mon bébé…
• Peux-tu nous parler de ta marque OTA Paris ? Et aussi nous dire comment t’es venu l’idée de te lancer dans la création d’une marque ?
OTA (anciennement OTH) est née après avoir vu une photo d’enfant en Afrique ayant découpé un rectangle dans un vieux pneu, et l’ayant transformé en sandale avec une simple corde. Je me suis demandé pour quelle raison on ne pouvait pas trouver de chaussure un peu stylée utilisant ce matériau pour la semelle.
Je pars du principe qu’un pneu ayant fait 50.000km sur la route pourra facilement tenir quelques dizaines de km aux pieds des gens. J’ai mis plus de 2 ans à développer cette semelle; j’ai alors compris en galérant autant pourquoi ça n’existait pas encore sur le marché…
Ce projet me permet de recycler l’équivalent d’un pneu toutes les 3 paires produites.
Au niveau de la production je souhaitais également une production locale, donc tout est fait en Europe. Cela me permet également d’avoir la certification Reach au niveau du cuir italien, avec l’interdiction du chrome VI dans le tannage, le recyclage des bains de teinture, etc.
Mon souhait est de proposer une basket qui sera à terme 100% recyclé et 100% recyclable. J’ai pu lancer une édition limitée en cuir recyclé par exemple. En ce moment je travaille sur un projet utilisant du caoutchouc recyclé et du plastique recyclé.
• Pourquoi t’être lancé dans une marque de sneakers et qui plus est « éco-responsable » ?
C’est franchement le fruit du hasard. Si je n’avais pas eu cette idée un jour, je ne serai pas parti sur une marque de base.
Mais le hasard est quand même très bien fait, car je suis un grand fan de sneakers depuis tout jeune. C’est simple, je ne porte que ça depuis mes premiers pas, je me souviens avec beaucoup de bonheur de ma 1ère paire de Air Max 180.
La dimension éco-responsable de mon projet est un évidence pour moi; C’est déjà la base de mon projet, la condition intrinsèque de cette marque. En plus, j’ai toujours été très attiré par les questions environnementales, sans être un extrémiste pour autant. Par exemple mes meilleurs souvenirs de vacances sont ceux dans une maison complètement autonome d’un ami dans les Corbières: panneaux solaires pour l’électricité, eau provenant d’une source. Et une impression de vivre en symbiose avec la nature.
• Est-ce que tu penses que les sneakers « green » ou éco-responsable sont l’avenir de la basket ?
Franchement, c’est un long débat qui dépasse l’univers seul de la sneakers, et qui s’étend à tout le monde de la mode et du textile. Il faut savoir que ce qui est « green » ou éco-responsable coût plus cher au niveau de la production. Par exemple, ma semelle coûte 20% plus cher qu’une semelle classique
Donc une marque éco-responsable est plus cher qu’une marque utilisant des matériaux classiques, fabriquée dans des bassins de sourcing meilleur marché (et dont les conditions de travail et salaires posent problème). Donc je pense personnellement (mais ça n’engage que moi), qu’il y a aura toujours des marques peu scrupuleuse sur la provenance de leurs matières ou des conditions de travail car leur objectif est de proposer un prix attractif au consommateur.
En d’autres termes, je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui souhaiteraient s’acheter un t-shirt éco-responsable aux alentours de 40€, mais qui n’ont pas les moyens financiers pour cela, et qu’ils se tourneront vers les t-shirt autour de 5€.
• D’ailleurs, tu peux nous dire ce que tu penses du monde/de l’industrie de la basket en général ?
La basket est vraiment un univers hyper créatif, tu peux voir des initiatives complètement dingues. C’est un univers qui touche tout le monde, de ton beau-père un peu beauf qui porte des « dad shoes » à ton petit cousin adolescent qui ne porte que les éditions limitées introuvable.
C’est un produit universel qui touche de plus en plus de monde. C’est un peu dommage que 2 énormes mastodontes trustent la très grosse majorité du marché, car cela ne permet pas de voir toutes les initiatives très cool à côté, que ce soit au niveau éco-responsable ou créatif.
• En ce moment, nous traversons un crise assez dure, en tant que créateur, comment le ressens-tu ? Comment est-ce que tu appréhendes l’après ?
Si on s’en tient au niveau économique, c’est franchement compliqué pour tout le monde: pour les petites marques comme OTA car les fondations sont encore fragiles, comme pour les gros mastodontes car leurs charges sont énormes.
De mon côté, j’essaie de communiquer au maximum avec mes distributeurs, et notamment ceux ayant des factures impayées. Je leur explique mes difficultés afin qu’ils comprennent qu’il est nécessaire d’honorer les factures au risque de fragiliser la marque. Mais ça se passe plutôt bien, en bonne intelligence.
J’ai la chance d’avoir une bonne traction autour du projet OTA, beaucoup de programmes d’accompagnement tels que ADC (Au Delà du Cuir) ou Look Forward ( une initiative de Showroomprivé), donc je me sens un peu moins seul.
J’échange aussi énormément avec les marques éco-responsables avec lesquelles je partage des bureaux/showroom (Noyoco, Recyc-Leather, Routine, etc.) afin de se soutenir et de se donner des conseils. A mon avis ça ne reprendra qu’à partir de septembre au mieux, et avec beaucoup de difficultés.
• Tu penses que la crise va changer le monde de la sneakers et la façon dont on consomme ce produit ?
J’aimerai le croire mais je ne suis pas sûr. Encore une fois, je pense qu’il y aura toujours des gens qui chercheront à payer une paire de basket à 30€ maximum, d’autres qui ne jureront que par des Nike à 150€ n’utilisant pas de cuir et produites en Inde, etc.
Donc non, je ne pense pas que ça va changer de manière importante la façon de consommer les sneakers. Mais je garde espoir que certaines personnes recherchent peut-être des solutions plus durables à mettre à leurs pieds.
Merci pour ton temps et tes réponses. Est-ce que tu voudrais partager quelque chose pour finir ?
Merci à toi pour la mise en avant de projets durables. Et je rajouterai juste #stayhome!
Toute la collection OTA Paris est à découvrir sur : ota-paris.com